Dossier Réacteur Osiris


Voici une synthèse des informations que nous avons sur le réacteur Osiris et des risques que fait courir sa fermeture sur la santé publique.

 

Nous sommes particulièrement inquiets car nous ne comprenons pas comment les dépistages de pathologies comme le cancer pourront être faits dès janvier 2016.

Résumé de la situation début septembre  2014

1.       Une lettre signée par 5 ministres est arrivée au CEA le 30 juillet (cf. communiqué interne CEA), mais le contenu exact n’est pas connu.

2.       Apparemment le gouvernement a été convaincu par le rapport de l’IGAS (non public) que le réacteur Osiris n’était pas essentiel pour lutter contre la pénurie très probable de Technétium 99m. Cette affirmation est en contradiction complète avec les événements de mai 2013, où Osiris est un des réacteurs qui a permis d’éviter une pénurie européenne (cf. communiqué de presse du CEA de mai 2013). De plus on rappelle que le réacteur Canadien qui fait 50% de la production mondiale de Technétium va aussi fermer en 2016)

3.       Par ailleurs il est évoqué la possibilité de remplacement par des examens ne nécessitant pas de Technétium 99m qui est produit grâce au réacteur Osiris, le seul en France. C’est déjà théoriquement impossible pour 55 000 patients par an (cf. communiqué de presse de l’Académie de Médecine). Par ailleurs c’est impossible en pratique pour 500 000 patients par an car le remplacement par l’imagerie TEP qui est envisagé demande un budget en investissement (100 000 000 euros) et en fonctionnement (150 000 000 euros par an) qui ne sera très vraisemblablement pas alloué ! (cf. Lettre Ouverte de la CGT CEA Saclay aux Ministres du 30 juillet 2014 )

4.       De son côté la CGT a également précisé son point de vue dans un communiqué de presse le 4 août 2014 de la CGT Mines-Energie, en réaction à la manière dont est justifiée la décision de fermeture, qui doit être prise au niveau gouvernemental.

Par ailleurs Il faut rappeler que les salariés du réacteur Osiris ont fait 15 jours de grève fin juin début juillet afin d’alerter la direction du CEA et les pouvoirs publics sur les risques pour la santé publique et la recherche. Ils ont eu aussi le soutien des salariés d’Orphée, eux aussi en grève. Ils ont fait une déclaration le 3 juillet.

Le risque pour la santé publique est un risque de la pénurie prévisible de Technétium 99m utilisé pour l’imagerie médicale (scintigraphies), car les remplacement ne somnt pas possible en pratique(cf. Lettre Ouverte de la CGT CEA Saclay aux Ministres du 30 juillet 2014 )

Le risque pour la recherche est la perte de compétences sur les réacteur expérimentaux et pour la conception des réacteurs futurs, puisque si le réacteur Osiris ferme avant la mise en fonctionnement du RJH (Réacteur Jules Horowitz), les études nécessitant des expériences dans un réacteur (qualification de matériau, d’instrumentation, …) ne pourront être faites en France.

 

 

 

COMPILATION DES INFORMATIONS

(bien sûr incomplète)


Les aspects de sûreté et politiques (chronologie)
Le CEA a régulièrement averti les ministères du problème et ce dès 2011. Par ailleurs le CEA a évité certains investissements car la fermeture d’Osiris était prévue en 2015. Devant les délais de commande et les coûts du combustible nécessaire au fonctionnement du réacteur Osiris, le CEA a demandé une décision claire du gouvernement sur la prolongation d’Osiris.

Le 9 avril 2014, une intersyndicale du CEA (la CGT, CFDT, CFE-CGC, CFTC, UNSA/Spaen) a envoyé une lettre  qui demande la poursuite de l’exploitation du réacteur expérimental Osiris au Premier Ministre. Celui-ci a répondu le 15 mai en chargeant deux ministres, Mme Touraine et Mme Fioraso de s’occuper du dossier.

Depuis le 15 mai 2014, les salariés et les syndicats CGT CEA (notamment à Grenoble et à Saclay) ont décidé d’informer le grand public et de se mobiliser :

·           un tract « Notre santé en danger » du 15 mai 2014 (cf.  cet article )

·           une pétition

·           Deux préavis de grève des syndicats FO et CGT pour le 23 juin 2014 pour les salariés d’Osiris ainsi que pour le réacteur Orphée (en pièces jointes).

·           Une déclaration des salariés a été faite à l’audience des délégué du personnel du 3 juillet 2014 


Le 23 juin Madame la Ministre G. Fioraso nous écrivait qu’elle attendait le rapport de l’IGAS et de l’IGAENR

De son côté l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) demande des travaux pour la prolongation d’Osiris et a fait connaître sa décision le 25 juillet dernier. Cette décision envisage la possibilité de prolonger le fonctionnement du réacteur Osiris pour la production de radio-éléments pharmaceutiques.

Le 30 juillet, le CEA a reçu une lettre du gouvernement (cf. communiqué interne du 6 août joint), confirmant l’arrêt d’Osiris.

De son côté, après les Communiqués de la CGT Mines Energie du 25 juin, 10 juillet, la CGT a récemment réaffirmé et précisé son point de vue :

·         ·         La CGT Mines-Energies a fait un communiqué de presse le 4 août 2014 , en réaction à la manière dont est justifiée la décision de fermeture, qui doit être prise au niveau gouvernemental.

·         ·         La CGT CEA Saclay a écrit une lettre ouverte aux ministres responsables de la décision d’arrêt du réacteur, pour préciser le risque que les investissements soient insuffisants pour réellement pouvoir remplacer les 800 000 examens utilisant le Technétium 99 m par des techniques alternatives.

Beaucoup de médecins nucléaires ont un avis rejoignant celui de La CGT : ils affirment toujours que le risque sanitaire est très grand et qu’il est plus que probable que certains patients ne pourront plus bénéficier de la qualité actuelle de détection de pathologie, notamment pour les cancers du sein et de la prostate. Il s’agirait d’une véritable perte de chance de guérison pour les patients !

En effet les solutions de remplacement évoquées par l’IGAS et le gouvernement ne seront très certainement pas mises en œuvre car trop coûteuses (100 millions d’investissement et 150 millions de coût de fonctionnement par an), sans compter que pour 55 000 patients par an aucun remplacement n’est possible.

Articles et sujets radio récents :

·         Sujet de France inter  du 2 juillet  : ATTENTION il y a une erreur, faite par le présentateur : le risque de pénurie n’est pas due à la grève, il est dû à la fermeture prévue du réacteur. Au contraire la grève est faite exclusivement pour alerter la direction et les pouvoirs publics !

·         Sujet très complet sur le site de la NVO

·   Article dans L’Humanité du 30 juin page 3

·   Communiqué Fédération CGT Mines Energie  

·          Sujet sur France Bleue 107.1 du 24 juin

·        Article du Monde du 15 juillet

·         Article du Parisien du 5 août 2014

·         Sujet d’Europe 1 du 5 août 2014

·         Sujet France Info du 5 août 2014

·         Un article du Journal International de médecine du 6 août

Utilité médicale du Technétium 99m : 
Le
communiqué de presse de l’Académie de Médecine explique bien ces enjeux.

Chaîne de production :
Le réacteur Osiris produit des "produits de fission", un ensemble radioactif d’éléments divers.
Ces produits de fission radioactifs sont séparés en Belgique pour avoir au final du molybdène-99 (99Mo) (période radioactive de 66 heures *) qui se transforme ensuite en technétium-99m (99mTc) (période de 6h). (voir article de la Société Chimique de France)
Puis des sociétés comme Iba Molecular (ex. CIS Bio) (Saclay) produisent un liquide injectable aux patients qui passent une scintigraphie.

* C’est à dire qu’en 66h la moitié du Molybdène 99 a disparu en se transformant en un autre élément


Pénurie :
Seuls des réacteurs d’essai spéciaux peuvent produire les élément radioactifs nécessaires à l’obtention du Technétium 99m.
L’ensemble de la chaîne de production et ses fragilités sont étudiées dans une
une synthèse de rapport de l’AEN. (il y a aussi une version complète en anglais)
90 % du Molibdène 99 (qui donne le Technétium 99m) en Europe est produit par 3 réacteurs : Osiris (Saclay), le BR-2 du SCK-CEN (Belgique) et le HFR de Petten (Pays-Bas) (voir
article du Monde de 2010).
95% du Molibdène 99 produit dans le mode est produit par
6 réacteurs : les 3 réacteurs européens plus le National Research Universal Reactor (NRU) au Canada, le SAFARI-1 en Afrique du Sud. (voir article de la Société Chimique de France)
Un article (cf aussi pièce joint) du Monde en novembre dernier évoque aussi la pénurie très importante en 2009 dans certains pays comme le Japon, à la suite de 2 pannes simultanées de réacteurs.

Par ailleurs en mai 2013, seul le fonctionnement intesifié du réacteur Osiris a permis d’éviter une pénurie européenne. (cf. communiqué de persse du CEA de mai 2013)

Fermeture d’Osiris
L’autorisation de fonctionnement d’Osiris, officialisée par décret, prend fin en 2015.
Il faut noter qu’un réacteur nucléaire ne peut pas fonctionner en permanence. Il ne peut pas non plus fonctionner quelques semaines par an, ce serait trop d’investissement en combustible, en maintenance et en traitement des déchets pour si peu de temps de fonctionnement.
Si le CEA veut faire fonctionner Osiris en 2016 il doit commander du combustible dès maintenant car il y a 18 mois de délai pour l’obtenir.
Le même article du Monde évoque des réacteurs remplaçants potentiels, en France, en Corée en Australie et en Allemagne, mais après 2018, voire encore plus tard.

 

 

 

 

 

 

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